Malgré les avertissements du Médiateur des entreprises, les retards de paiement des entreprises ont atteint un niveau record depuis la fin du Covid durant les six premiers mois de 2024, selon une étude réalisée par le cabinet Altares. Thierry Millon, directeur des études du groupe, souligne que l’incertitude économique actuelle incite les entreprises à recourir davantage au crédit fournisseur, ce qui prive leurs partenaires de trésorerie essentielle pour investir ou simplement survivre.
Les acheteurs publics peinent à respecter les délais
Dans son analyse des retards de paiement des entreprises françaises au premier semestre 2024, Altares s’est également intéressé pour la première fois aux acheteurs publics. Les résultats sont loin d’être satisfaisants. En moyenne, les délais de paiement du secteur public s’élèvent à 13,3 jours. Les communes affichent des délais moyens de 12,7 jours, tandis que les départements et les régions dépassent respectivement 19,7 et 23 jours. Les métropoles et autres établissements publics administratifs ne font guère mieux avec des retards allant jusqu’à plus de 20 jours.
Le secteur privé plus respectueux des délais
À l’inverse, le secteur privé se montre plus rigoureux en matière de paiements avec un retard moyen de 12,5 jours. Néanmoins, les entrepreneurs individuels subissent une dégradation notable de leur situation avec un retard moyen passant de 8,5 jours l’année précédente à 13,4 jours actuellement.
Situation préoccupante dans l’immobilier
Le secteur de l’immobilier est particulièrement touché par la problématique des retards de paiement en raison du ralentissement de la construction neuve et des difficultés rencontrées sur le marché du logement. La promotion immobilière présente ainsi des retards approchant les 27 jours, tandis que les agences immobilières atteignent désormais 22 jours. En revanche, l’industrie des matériaux de construction se montre plus vertueuse avec des retards inférieurs à 10 jours.
La santé financière des petites entreprises se dégrade
Les petites structures de moins de trois salariés voient également leur situation se détériorer avec un retard moyen passant de moins de 12 jours début 2023 à 14 jours au premier semestre 2024. Les PME de 4 à 49 salariés parviennent toutefois à maintenir leurs retards sous la barre des 12 jours, tandis que celles employant entre 50 et 199 personnes stabilisent leur retard à 12,7 jours. Pour les entreprises plus importantes, les retards atteignent respectivement 14,5 et 17,8 jours.
La France se rapproche de la moyenne européenne
Malgré ces chiffres inquiétants, la France se rapproche de la moyenne européenne, fixée à 13,5 jours. Les Pays-Bas et l’Allemagne demeurent en tête avec des retards respectifs de 3,3 et 6,6 jours, tandis que l’Espagne, l’Italie et le Portugal ferment la marche avec des retards allant jusqu’à 24,3 jours.
Risque de faillite accru pour les entreprises en difficulté
Thierry Millon rappelle que les retards de paiement fragilisent considérablement la trésorerie des entreprises. Selon le rapport 2023 de l’Observatoire des délais de paiement, 15 milliards d’euros pourraient être transférés en l’absence de retards. De plus, des études ont montré que les retards de règlement augmentent de 25% à 40% la probabilité de défaillance du fournisseur lorsque les retards sont supérieurs à 30 jours. Des réglementations existent déjà pour plafonner les délais selon la taille des structures concernées, mais ces plafonds sont souvent dépassés en raison notamment d’une mauvaise organisation.