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ToggleLes impayés de loyers atteignent des niveaux record depuis la crise du Covid-19 et l’inflation galopante, révèle une enquête exclusive. Contrairement aux idées reçues, ce phénomène ne concerne pas uniquement les locataires les plus modestes. Décryptage d’une situation préoccupante qui impacte propriétaires et locataires.
Un constat alarmant : des impayés en forte hausse
Les chiffres sont sans appel : la proportion d’impayés de loyers a considérablement augmenté ces dernières années. Chez Orpi, un grand réseau d’agences immobilières, le taux d’impayés est passé de 2% avant la pandémie à 3% aujourd’hui. La situation est encore plus marquée en Île-de-France et dans les grandes villes de province, où les retards de paiement de plus d’un mois concernent désormais plus de 3,5% des baux, contre moins de 1% en 2020.
Cette tendance à la hausse s’observe également pour les retards de paiement plus courts. À Paris et en région parisienne, les relances à 5 jours touchent aujourd’hui 17% des contrats de location, contre seulement 3% il y a trois ans. Dans le reste de l’Hexagone, ce taux atteint même 20%, soit plus du triple qu’en 2020.
Des profils de mauvais payeurs surprenants
Contrairement aux idées reçues, les locataires en difficulté ne sont pas toujours ceux que l’on imagine. Un gestionnaire de biens immobiliers témoigne : « Ce ne sont pas forcément les locataires les plus modestes. Les ‘mauvais payeurs’ ont souvent un trait commun : la connaissance du droit ! »
Parmi les profils inattendus, on retrouve des avocats, des notaires, des commissaires de justice et même des agents immobiliers. Ces professionnels, familiers des procédures juridiques, savent parfois tirer parti des failles du système pour retarder les paiements ou les procédures d’expulsion.
Comment se protéger en tant que propriétaire ?
Face à cette situation, les propriétaires doivent redoubler de vigilance. Plusieurs options s’offrent à eux pour sécuriser leurs revenus locatifs :
1. Souscrire une assurance contre les loyers impayés : moyennant 2,5% à 3% des loyers perçus, ces garanties permettent d’être indemnisé dès le premier mois de retard.
2. Pour les étudiants, privilégier la garantie Visale d’Action Logement, entièrement gratuite mais avec des délais de versement parfois plus longs.
3. En cas de retard, privilégier le dialogue et un règlement à l’amiable avec le locataire. La majorité des situations se résolvent ainsi.
4. Si le problème persiste, ne pas hésiter à faire appel à un commissaire de justice pour entamer une procédure de recouvrement.
5. En dernier recours, engager une procédure judiciaire, en sachant qu’elle peut être longue (18 à 24 mois en moyenne) et coûteuse (environ 3 000 euros de frais d’avocat).
Que faire en tant que locataire en difficulté ?
Si vous êtes locataire et rencontrez des difficultés pour payer votre loyer, plusieurs démarches s’imposent :
1. Vérifier votre éligibilité aux aides sociales (RSA, Prime d’Activité, APL). Environ 30% des personnes éligibles n’y ont pas recours par méconnaissance.
2. Informer rapidement votre propriétaire de vos difficultés. Cette démarche de bonne foi peut permettre de trouver un arrangement à l’amiable.
3. Envisager un déménagement si la situation perdure. Depuis la loi Kasbarian, rester dans les lieux malgré un jugement d’expulsion peut entraîner une amende allant jusqu’à 7 500 euros.
Un phénomène à surveiller de près
La hausse des impayés de loyers est un signal d’alarme qui reflète les difficultés économiques croissantes d’une partie de la population française. Si les professionnels du secteur estiment que le pic a été atteint, la situation reste préoccupante et nécessite une vigilance accrue de la part des pouvoirs publics, des propriétaires et des locataires.
Face à ce phénomène, il est crucial de renforcer les dispositifs d’aide et de prévention, tout en favorisant le dialogue entre les parties prenantes. Seule une approche globale et concertée permettra de limiter les conséquences sociales et économiques de cette crise des impayés qui touche désormais tous les profils de locataires.