L’artisanat français face à la récession : comment préserver l’emploi ?

La rentrée s’avère difficile tant pour le nouveau Premier ministre que pour les entreprises artisanales. Suite à la nomination de Michel Barnier à Matignon, l’Union des entreprises de proximité (U2P), l’une des trois grandes organisations patronales françaises, publie sa note de conjoncture pour le 2e trimestre 2024. La situation économique du secteur artisanal connaît une baisse d’activité et les entrepreneurs peinent à maintenir leurs emplois.

Le bâtiment et l’énergie en difficulté avant la nouvelle législature

Sur les trois derniers mois, l’artisanat a subi une baisse de 1,4% de son chiffre d’affaires en volume. Le secteur de la construction est le plus impacté (-3%), suivi par celui de l’alimentation (-1,9%). Selon une enquête menée par l’Institut Xerfi auprès de 7.700 chefs d’entreprises au mois de juillet, le repli atteint même 1,5% sur les 12 derniers mois. La Capeb (Confédération de l’artisanat et des petites entreprises du bâtiment) confirme ces difficultés chez les entreprises de maçonnerie.

Plus généralement, « la taille des entreprises a été déterminante puisque les entreprises sans salarié ont enregistré une chute de 3,9% tandis que les entreprises employant plus de 10 salariés parvenaient à limiter le repli (-0,4%) », explique l’U2P dans un communiqué. Les petites structures semblent donc plus exposées aux aléas économiques.

Trésorerie en baisse et embauches maintenues

La santé financière des entreprises artisanales en pâtit : seulement 10% des professionnels ont déclaré une hausse de leur trésorerie, tandis que 22% ont constaté une détérioration. Malgré cette morosité économique, les dirigeants ne renoncent pas à recruter de nouveaux salariés. En effet, 16% des entreprises comptant au moins un employé ont embauché durant le 1er semestre 2024, un niveau similaire à celui des six premiers mois de 2023.

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Cependant, les difficultés de recrutement augmentent : 27% des entreprises rencontrent ce problème au 2e semestre 2024 (+3 points). Parmi elles, 67% déplorent une absence de candidatures et 60% pointent le manque de qualification des postulants.

Les attentes du secteur face au nouveau gouvernement

Avec l’arrivée du nouveau gouvernement, la Capeb et l’U2P attendent des mesures concrètes pour soutenir le secteur artisanal. La confédération demande notamment un « Grenelle du logement » avec le maintien du budget alloué à la rénovation énergétique ou encore l’éligibilité des gestes simples à Ma prime rénov’ en 2025.

L’U2P profite également de cette occasion pour insister sur la représentativité des TPE, qui ne seraient pas assez considérées par les politiques publiques et les autres catégories d’entreprises. Une étude réalisée par l’Institut Terram propose plusieurs pistes pour y remédier, comme la décentralisation des mécanismes de soutien et d’accompagnement ou l’élargissement de l’accès à la commande publique.