Les dirigeants d’entreprise peinent à trouver leurs repères face aux incertitudes politiques liées à la nomination d’un nouveau Premier ministre. Le réseau des Chambres de commerce et d’industrie (CCI) a interrogé 465 chefs d’entreprises (tous secteurs confondus) employant de 3 à 49 salariés entre fin juillet et début août pour connaître leur état d’esprit en cette période de flou politique et économique.
Confiance dans l’activité de leur entreprise, mais pas dans l’économie française
Le résultat est sans appel : si 73% des patrons sont confiants dans les perspectives d’activité de leur entreprise (y compris dans le BTP), ils ne sont plus que 27% à être optimistes quant à l’économie française au cours de l’année qui vient (29% dans la construction). La composition de la nouvelle Assemblée nationale suscite clairement des inquiétudes parmi les chefs d’entreprise : 59% craignent des conséquences négatives sur l’économie, et 56% adoptent une gestion plus prudente de leur société.
Impact du psychodrame politique sur l’économie française
70% des patrons du BTP estiment que la crise politique actuelle aura un impact négatif durable sur l’économie française. Les difficultés à constituer un nouveau gouvernement inquiètent également 68% des patrons interrogés (70% dans le bâtiment et les travaux publics), tandis que 56% d’entre eux se montrent plus prudents dans leurs décisions d’embauche ou d’investissement (61% dans la construction).
Emploi et situation économique
Malgré les divergences d’opinion entre les chefs d’entreprise de l’ensemble des secteurs et ceux travaillant dans la construction, l’emploi devrait être relativement épargné dans les 12 mois à venir. Dans le BTP, 11% des entrepreneurs envisagent de procéder à des licenciements, un chiffre en hausse par rapport à juillet. Vingt-et-un pour cent souhaitent embaucher, tandis que les deux tiers restants misent sur une stabilisation de leurs effectifs.
Difficultés financières et gestion salariale
L’inflation élevée affecte encore l’activité des entreprises de 3 à 49 salariés. En août, 84% des sociétés du BTP se disent plus attentives à leurs charges que d’habitude, et 51% craignent que la hausse des prix remette en question leur viabilité. Quarante-cinq pour cent ont du mal à être payées dans les temps par leurs clients, et 11% à régler leurs propres factures. Cela conduit notamment 27% des dirigeants du secteur à envisager de baisser leur rémunération, sachant qu’ils sont déjà 25% à octroyer des avances sur salaires à leurs collaborateurs.
Les qualités indispensables chez un dirigeant
Dans le secteur du BTP, 67% des patrons considèrent qu’ils doivent être disponibles pour leurs équipes, tandis que 41% s’efforcent d’être des experts de leur secteur. L’engagement en faveur de la société est un autre atout avancé par 34% des répondants, suivi par la communication (auprès des clients, pouvoirs publics…) pour 26%. Seulement 9% des chefs d’entreprise du BTP pensent que les décisions engageant l’avenir de leur entreprise doivent être prises avec autorité.
Attentes des salariés vis-à-vis de leur hiérarchie
Le sondage a également examiné les attentes des salariés vis-à-vis de leur hiérarchie, telles qu’elles sont perçues par celle-ci. Cinquante-huit pour cent des dirigeants d’entreprises de la construction mettent en avant l’écoute, 49% la bienveillance, 27% l’équité, 26% la capacité à fédérer et à diriger, et 15% une vision pour l’entreprise.
Retombées locales de l’activité
Quarante-huit pour cent des chefs d’entreprise estiment que leur société crée des emplois, 34% qu’elle participe à l’aménagement du territoire, 28% à son attractivité et à son rayonnement, et 27% au maintien ou au développement des commerces. Seuls 17% des patrons du BTP considèrent que leur activité prodigue des biens ou services de première nécessité, et 16% qu’elle crée du lien social.
Le rapport mitigé à l’innovation
Souvent présentée comme une solution pour relancer l’activité, l’innovation fait néanmoins l’objet d’un rapport très mitigé de la part des chefs d’entreprises. Dans la construction, 49% des entrepreneurs la considèrent comme un investissement, 15% comme une condition de survie de leur entreprise et 17% comme une prise de risque. Ils sont même 18% à dépeindre l’innovation comme un mirage, soit une augmentation de 5 points depuis juillet.